Malgré un dispositif juridique strict, de nombreux agents, souvent par ignorance ou négligence, franchissent la ligne rouge. Et dans ce domaine, l’erreur ne pardonne pas,
Dans le métier de la sécurité privée, les marges d'erreur sont très faible avec le CNAPS et le juge qui veillent au grain avec souvent des conséquences pénales.
Un secteur qui ne supporte pas l'erreur
Travailler dans la sécurité privée, c’est surtout exercer une mission encadrée par le droit, dans laquelle le moindre faux pas peut avoir des conséquences lourdes. Pourtant, beaucoup trop d’agents prennent encore ces risques à la légère. Arborer un écusson ressemblant à celui de la police ou de la gendarmerie, ou encore faire usage de menottes en dehors des conditions prévues par la loi peut vous exposer à des poursuites pour usurpation de fonction ou violences volontaires. Dans certains cas, un simple geste mal interprété lors d’une intervention peut mener à une plainte pour séquestration ou atteinte aux libertés individuelles.
L'erreur courante des agents réside dans la confusion fréquente entre autorité perçue et autorité réelle. Le port de l’uniforme, la posture, l’attente du client donnent parfois aux agents un sentiment d’autorisation, voire d’obligation, d’agir « comme un policier ». Ce réflexe est dangereux. L’agent de sécurité n’est pas un officier de police judiciaire. Il n’a pas le droit de retenir quelqu’un comme le feraient les forces de l'ordre, ni de fouiller un sac à main sans réquisition, ni même de demander une pièce d’identité à un passant. Il n’a pas le droit d’intervenir en dehors de son site, même s’il voit une altercation à quelques mètres. Ces gestes, qui peuvent sembler logiques sur le moment, sont trop souvent mal compris par les agent qui en font les frais.
Sur le plan professionnel, les conséquences sont immédiates. Une simple plainte peut entraîner une suspension provisoire de la carte professionnelle. Et même en l’absence de condamnation, une mention dans les fichiers des services judiciaires ou des forces de l'ordre suffit à fermer toutes les portes dans le métier, parfois pour toujours.
Des moyens simples d'éviter le pire
Le contentieux entre les agents et les employeurs et fourni sur la question des ordres illégaux exécutés par un agent de sécurité. La question de la responsabilité reste encore difficile dans ces cas, mais elle revient très souvent à l'agent même lorsque l'employeur est aussi sanctionné.
A titre d'exemple, dans une affaire de 1998 dans laquelle le directeur sécurité d'une zone commerciale avait demandé aux agents de sécurité d'interpeller tous individu qui tenterait de régler ses achats avec de la fausse monnaie, les agents de sécurité, qui voulaient avoir une bonne image auprès de leur directeur, ont commencé à procéder à des interpellations sur la simple base de doutes et de suspicions de faux notamment sur une jeune fille de 14 ans. Cette interpellation qui s'est accompagnée d'un interrogatoire et d'une fouille, s'est terminée devant le juge pénal qui a reconnu les agents coupables de séquestration, crime puni de 20 ans de prison, et le directeur d'une simple complicité.
Face à cela, la seule réponse possible est la rigueur. Un agent ne peut pas se permettre de fonctionner à l’instinct ou de « s’adapter » à la demande du client voire de suivre machinalement les demandes de la hiérarchie ; il doit avoir une connaissance précise de ses droits et de ses limites. Cela passe par la formation continue, mais surtout par une discipline personnelle : vérifier sa carte, connaître son périmètre d’action, refuser ce qui sort du cadre légal, même si cela crée une tension. L’agent qui veut bien faire mais enfreint la loi n’est pas un bon agent : c’est un professionnel en danger.